message privé pour celle qui ne pourra pas le lire.

Publié le par moi

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J'ai fait un voyage longtemps reporté. J'ai suivi une route si souvent emprunté qu'elle en est imprimée dans mon corps, que les empreintes dans le sol appellent mes pieds pas après pas. Cette route est bordée de nostalgie, de joies et de souvenirs, mais au bout il y a un mirage qui s'éloigne un peu plus à chaque pas. Le chemin est toujours aussi agréable, mais c'est comme un repas sans dessert, un polar sans le dernier chapitre. 
Cette route mène chez Tisou.
 Je n'étais pas retourné ici depuis l'an dernier, pour son enterrement. Cette maison c'est, ou plutot c'était chez elle. Maintenant, il y a des photos, des portraits d'elle un peu partout mais il manque cette ambiance qu'elle mettait en arrivant, sans y prendre garde, cette atmosphère originale fait de sons de cuisine et de cri, de ronchonnements et de chuchottis, d'odeurs de cuisine et de champignons mis à sècher sur tout les radiateurs de la maison. L'odeur de fumée de cigarette omniprésente dans la maison commence à s'aténuer, les objets restent à leurs place, le désordre habituel n'est plas généralisé mais circoncis à quelques pièces. 
Il n'y a plus cette odeur de mort, mais une sensation de poussière. 

Je n'ai pas pu envisager revenir là-bas depuis près d'un an, il a fallu qu'un impératif professionnel m'appelle dans le secteur pour que j'y aille. La route fut étrange. La fois précédente, j'avais dù m'arrêter deux fois, les larmes me brouillant trop la vue pour que je conduise. Ce coup-ci, seul un noeud m'a serré la gorge par intermitence. La vue de la maison, surtout, le fait de franchir le seuil de la cuisine et de n'y voir personne, de n'y sentir aucune activité frénétique habituelle... De voir le jardin vivre en liberté sans surveillance, de ne pas sentir Sa présence...

Elle a marqué mon enfance, mon adolescence et ma vie de jeune adulte, elle restera gravé dans mon coeur, mais elle ne sera plus là pour me sussurer des bétises en fin de soirée, pour m'écouter raconter mes joies et mes misères. Elle a, de manière intermittente mais suivie, bercé ma vie et a été une source d'apprentissage, comme une deuxième mère. Sa mort m'a appris une fois encore la mortalité de l'homme,m'a rappelé ma propre mortalité, qu'il ne faut pas s'appitoyer sur son sort mais relever la tête et aller de l'avant. 

Merci Tisou, merci pour tout.

Publié dans un peu d'histoire!

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C
Je pense que quelque part, elle se sent bien de ce qui est écrit ici...
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G
Merci
M
Très émouvant. c'est vrai que lorsqu'on perd un parent, une présence qui a meublé notre enfance, c'est comme si on vieillissait d'un coup, sans ménagement. on se sent sans racines, sans enfance. une pensée pour Tisou, que la paix l'accompagne dans son voyage, ce voyage qui nous attend tous.
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G
merci